Pas de haine entre les religions !

Shaykh Abd al-Wahid Pallavicini

15-08-1994

Selon l’islam, parler de « haine entre les religions » pourrait sembler inconcevable ! Parce que les religions sont considérées, avant tout, comme différentes révélations, apportées par le même et unique Dieu, aux hommes, dans des lieux, des époques et des modalités différentes, à travers ses Prophètes, depuis Adam, premier homme, mais aussi premier Prophète islamique, en passant par Noé, Abraham, Moïse, Jésus (que la paix soit sur eux) jusqu’à Muhammad (la Prière et la Bénédiction de Dieu soient sur lui).

Si Dieu est Un et le même pour tous les hommes, selon l’acception propre au monothéisme abrahamique, Il n’a certainement pas voulu que ces derniers méconnaissent son Omnipotence en adorant leur propre forme religieuse, au lieu d’essayer de la transcender, non par un transformisme par trop cohérent, mais en effectuant une pure et vraie « transformation ».

Le péché originel d’Adam n’est pas d’avoir voulu aspirer à la Connaissance, mais d’avoir prétendu cette connaissance pour lui, en tant qu’homme. La connaissance, en effet, si elle est réservée à Dieu seulement, est aussi accessible grâce à la transformation intérieure de celui-ci — fait « à Son image et à Sa ressemblance », comme dit la Genèse, ou « selon Sa forme », ‘ala suratihi, comme dit une tradition prophétique. Être vraiment musulman, conformément à l’étymologie du terme, signifie être encore capable de dire : « que Ta volonté soit faite ». Mais ne faisons-nous pas, aujourd’hui, cette même erreur, de vouloir à tout prix imposer notre volonté et ne pas vouloir accepter que Dieu Seul est la Vérité absolue, Huwa al-Haqq, en prétendant être, en tant qu’hommes, capable de la posséder, non seulement en nous plaçant en dehors de toute religion, mais aussi depuis l’intérieur de nos appartenances confessionnelles spécifiques ?

Voilà donc la haine, certainement pas entre les religions ou entre les vrais religieux, mais entre ceux qui se disent seulement religieux et qui ne le sont pas dans la pratique, qui se limitent seulement à l’adhésion formelle à une doctrine « révélée » et « relative » ou seulement à une communauté religieuse spécifique. Se sentant exécuteurs d’une « mission », ils se se font porteurs d’un exclusivement confessionnel, matrice de tout intégrisme possible, bien loin de la vraie intégrité religieuse. Parfois, cela se produit en cachant justement la haine sous le manteau de l’amour humain, de façon à sauver « l’autre », en le convertissant au plan horizontal du sentiment et de la raison. Au contraire, nous devrions essayer de converger vers le sommet de l’axe vertical de la croix déterminée par l’espace et le temps, symbole de la vraie intellectualité, synonyme de spiritualité et de sacralité, qui elle seule permet de réaliser le dit d’ « un saint soufi du vingtième siècle » — c’est là le titre de sa biographie — c’est-à-dire d’ « élever notre esprit au-dessus de nous-mêmes ».

Nous voudrions à présent briser, en faveur des Révélations qui ont précédé historiquement l’islam, une lance de Templier, celle de ceux qui savaient prier chrétiennement même dans la Mosquée de Jérusalem construite sur l’esplanade du Temple de Salomon et devant la Mosquée de la Roche, où a eu lieu le sacrifice d’Abraham et de laquelle le Prophète est monté aux Cieux. En effet, l’annonce de l’avènement des Révélations suivantes n’est pas contenue dans les doctrines précédentes, si ce n’est sous forme de prophétie, qui, avec les Révélations suivantes, sont ainsi reconfirmées dans la plénitude de leur vérité originaire, cette vérité que, inéluctablement, les hommes oublient dans la mesure où ils détournent le regard du Ciel pour adresser contre l’Esprit la lettre qui tue. En effet, les Templiers ont été tués par l’Inquisition, alors que nous sommes, nous, aujourd’hui, à devoir subir le processus d’une nouvelle inquisition de la part de certains de nos soit-disant frères qui prétendent abroger même ce qui est écrit dans notre Livre Sacré, et plus précisément : « Il n’y a pas de coercition dans la religion », « à vous votre religion et à nous la nôtre », et enfin « vous tous Sabéens, Juifs, Chrétiens, vous reviendrez à Dieu et Il vous informera sur les différences qui aujourd’hui vous mettent en désaccord ».

Les différences seront résolues, en fait, seulement au moment de la venue de ce Messie, Sayyidina ‘Isa (), notre Seigneur Jésus, dont nous attendons tous le retour, en veillant à ne pas le confondre avec celui qui devra venir avant lui, l’antéchrist ou l’Antichrist. Et quant le Christ viendra pour la deuxième fois, nous ne lui demanderons certainement pas, comme l’ont fait la noblesse romaine, « comment est-il né ? ». Peut-être que nous dirons seulement : « Il est » parce que Jésus a dit « avant qu’Abraham ne fût, moi je suis ». En effet, pour nous musulmans, Notre Seigneur Jésus n’est jamais mort et il est monté au ciel comme Esprit de Dieu, le Rûh Allah du sacré Coran, cet esprit insufflé par Dieu dans le premier homme et qui « souffle où il veut », même parmi nous, hic et nuc.

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