Adapter la forme du témoignage dans le contexte de l’islam en France exige un effort intellectuel de traduction des principes fondamentaux de l’islam pour pouvoir interagir avec la société laïque. Cette fonction de pont s’avère nécessaire pour instaurer non seulement un dialogue honnête et durable mais aussi une relation plus officielle entre la communauté musulmane française et les institutions.

C’est plus particulièrement sur sollicitation des grandes mosquées, notamment celles de Paris et de Lyon, que les membres de l’Institut se sont engagés dans les différentes initiatives liées à l’organisation des relations entre l’islam et les pouvoirs publics.

Certains membres de l’I.H.E.I. avaient déjà pris part aux réunions de travail préalables à l’élaboration de la Charte des Musulmans de France présentée en 1995 au ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua.

Des acteurs éminents de l’islam en France, comme Dalil Boubakeur et Kamel Kabtane, respectivement recteurs de la Grande Mosquée de Paris et de la Grande Mosquée de Lyon, ou encore des conseillers du ministre de l’Intérieur chargé des Cultes, comme Alain Billon ou Bernard Godard, ont participé dès le début aux activités organisées par l’Institut. Cette collaboration fructueuse a conduit le ministère de l’Intérieur à associer l’I.H.E.I. à la démarche de Consultation des musulmans de France, l’Istichara, initiée en 1999 par Jean-Pierre Chevènement, alors Ministre chargé des cultes, et qui aboutira à la création du Conseil Français du Culte Musulman (C.F.C.M.).

En 2001, en la personne de son Vice-Président AbdAllah Yahya Darolles, l’I.H.E.I. a collaboré avec le CMRF, Conseil Représentatif des Musulmans de France. Il a ainsi participé aux travaux des différentes commissions de cette Consultation, en particulier la commission « organisation » (COMOR) ; les autres commissions portaient sur plusieurs questions liées au culte musulman : statut de l’imam ; aumônerie ; abattage, aïd al-Kabir et viande halal ; pèlerinage ; construction des mosquées et aménagement de carrés musulmans dans les cimetières.

Un rapport synthétique sur « les besoins rituels des musulmans dans l’espace laïque », élaboré en commun par Kamel Kabtane et des membres de l’I.H.E.I., fera d’ailleurs, en juin 2000, l’objet d’une présentation à l’UNESCO, lors d’un colloque organisé par l’Institut des Hautes Études de Sécurité Intérieure. Ce rapport définissait en même temps, très concrètement et très précisément, les différentes exigences cultuelles des lieux rituels, tout en exposant les principes, leur symbolisme et leur signification.

En 2003, l’I.H.E.I. a pris part à la consultation mise en place par le ministère de l’Intérieur, prodrome à la création du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM). L’objectif de l’I.H.E.I. est la promotion d’un Islam intégré et respectueux des lois et des principes de la République française.

Rapporteurs et souvent rédacteurs de plusieurs synthèses et rapports réalisés au sein de ces commissions, les membres de l’I.H.E.I. ont contribué ainsi aux développements de l’organisation de l’islam et du culte musulman en France, qui aboutirent à l’institution du C.F.C.M.

L’I.H.E.I. avait souligné la présence insuffisante, au sein de ce Conseil, d’intellectuels français musulmans qui n’étaient pas nécessairement issus des grandes fédérations. Cette présence leur apparaissait, et leur apparaît toujours, comme nécessaire pour passer d’ « un Islam en France à un Islam de France qui garde en même temps ses spécificités », selon les propres paroles prononcées, lors d’un colloque de l’I.H.E.I. à La Sorbonne en 2001, par Alain Billon, alors conseiller du ministre de l’Intérieur.

L’I.H.E.I. a insisté également, dans ce cadre, sur la nécessité de ne pas donner une place excessive aux origines nationales dans la représentation des musulmans de France, tout en soulignant le besoin impérieux d’une formation globale des imams, qui leur permette de s’approprier à la fois la langue et la culture françaises, de même que le contexte institutionnel et multiculturel de notre société laïque.

Les récentes déclarations de Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, qui visent à donner un nouveau souffle à la représentation de l’islam en France, et qui mettent l’accent sur la nécessité d’accroître le rôle de ces intellectuels, susceptibles d’assurer une meilleure médiation tant entre les différentes sensibilités musulmanes qu’avec l’État, vont dans le même sens que les recommandations émises alors par les membres de l’I.H.E.I.

L’Institut continue d’ailleurs de proposer ses compétences et son expérience pour œuvrer, auprès du ministère de l’Intérieur et des représentants du culte musulman, à l’organisation de l’islam de France.

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