Vie et mort en islam

Abd al-Qouddous Jibril Gouraud

16-01-2014

Votre retour à tous se fera vers Dieu1

Ce court verset du Saint Coran fait partie des passages les plus explicites sur la destinée de l’homme au terme de son existence, et, plus généralement, sur la destinée de l’ensemble de la Création. Il contient une certitude qui met fin au doute nourrie par l’âme quant à son avenir posthume. Ce rappel synthétique, ô combien riche d’enseignements, est, par ailleurs, l’une des caractéristiques de la religion islamique, dernière Révélation pour l’humanité avant la fin des temps. En effet, c’est en qualité d’ultime message céleste envoyé aux hommes et aux femmes que l’islam énonce, de manière plus explicite, ce que les Traditions antérieures comprenaient implicitement en elles.

Les Traditions de l’Extrême-Orient, et notamment l’hindouisme qui est la plus ancienne, parlent de l’être humain comme d’un être proche de son état originel. La vie y est en quelque sorte magnifiée car elle est comprise comme une manifestation du divin, l’homme véritable étant celui qui sait reconnaître son Seigneur en toute chose, sans être illusionné par le voile de la Création. La Tradition islamique envisage plutôt l’être dans son état d’homme déchu, devenu oublieux de sa fonction originelle et des responsabilités qui en découlent. L’islam décrit synthétiquement la vie, pour mettre en garde les hommes contre l’apparence parfois trompeuse de la réalité qu’ils perçoivent avec leur sens, en rappelant à l’homme non seulement sa nature primordiale, seule nature essentielle, mais aussi l’imminence de la fin de ce bas monde. Dans cette perspective, c’est la vie dans l’Autre monde, l’Au-delà (al-Akhira), qui prévaut, comme terme du retour inéluctable des hommes à leur Créateur. Chaque chose et chaque événement de la vie possèdent une signification spirituelle directe et sans ambiguïté, et occupent leur juste place dans la Création et dans le Plan divin. Ainsi, grâce à cette simplicité et à cette concentration sur l’essentiel, toutes choses sont perçues comme désignant Dieu, et comme autant de marches qui permettent à l’homme de se rapprocher du Trône divin pour mieux Le louer et Le contempler.

Si Dieu a créé l’homme « selon Sa Forme », l’homme est une créature terrestre qui connaît également un début et une fin, marquée respectivement par la naissance et la mort. Fait d’un corps et d’une âme, l’homme ne saurait être immortel. Mais la réalité essentielle de son être, l’Esprit divin, Ruh, qui fut insufflé dans les narines d’Adam, ne périra jamais. « Toute chose est périssable sauf Sa Face »2, et « tout ce qui est sur la terre est évanescent. Seule subsiste la Face de ton Seigneur, pleine de Majesté et de Noblesse»3, lit-on dans le Coran. La Tradition islamique enseigne que le devenir de l’homme, dès lors que le corps meurt, n’est pas clos : il existe une autre vie, différente de celle sur terre, la vie dans l’Autre monde, l’existence terrestre étant envisagée comme un ensemble de conditions dans lesquelles réside plus ou moins longtemps l’être humain.

Dans le Coran, Dieu demande au Prophète de dire :

Tu fais pénétrer la nuit dans le jour, et Tu fais pénétrer le jour dans la nuit, et Tu fais sortir le vivant du mort, et Tu fais sortir le mort du vivant.4

L’être passe d’un état à un autre comme la nuit pénètre dans le jour et le jour pénètre dans la nuit. Il y a donc symboliquement naissance dans un état et mort à un autre, la mort à un état correspondant à une naissance dans un autre état, et inversement. Ce qui vient d’être dit donne un aperçu sur la doctrine des états multiples de l’être, selon un symbolisme coranique. La doctrine islamique repose, au même titre que les Traditions de l’Extrême-Orient, sur des vérités métaphysiques, c’est-à-dire « au-delà de la physique », qui ne peuvent être abordées de la même manière que l’on aborde les données rationnelles. Seuls les symboles peuvent les exprimer dans le langage humain, ouvrant sur une compréhension spirituelle directe, sans commune mesure avec le sens que les modernes veulent bien leur accorder.

Si les Traditions hindoue, taoïste et bouddhiste présentent le passage de l’être d’un état à un autre sous forme d’une naissance et d’une mort, en des termes qui se rapportent souvent au monde sensible, il ne faudrait toutefois pas comprendre par là qu’il s’agit de réincarnation. Cette théorie, toute moderne, n’est qu’une interprétation erronée des doctrines orientales, selon une conception uniquement biologique et restrictive de la vie, si chère aux yeux de nos contemporains désireux de s’évader de leur condition actuelle dans l’espoir d’un avenir meilleur, suivant les théories progressiste et évolutionniste.

Toutes les Traditions authentiques puisent leur origine dans une même source qui n’est autre que Dieu, mais chacune d’elle exprime les réalités spirituelles selon des modes, des formulations et des moyens propres, adaptés aux différents peuples, temps et lieux où elles se manifestent. Ces moyens tendent tous, en principe, à ramener l’homme de la périphérie du cercle à son Centre, comme autant de rayons ou de chemins vers Dieu. Dans cette perspective, les Traditions parlent de la mort avec de riches détails qui suscitent chez le croyant tout autant la crainte de Dieu que l’espoir de la Rencontre avec son Seigneur. Dieu nous fait comprendre que la mort est proche de nous, intimement liée à la vie. « Toute âme goûtera la mort », promet le Coran, et le Prophète rappelle que « nul ne connaîtra son Seigneur avant de mourir. » Étape indispensable pour rencontrer Dieu, la mort est à la fois tourment pour certains et repos de l’âme pour d’autres.

Il s’agit, selon un dire du Prophète (hadîth), de « mourir avant de mourir», sûrement pas dans le sens littéral d’une mort physique volontaire, mais dans le sens d’une mort de l’individualité, éphémère, de l’âme passionnelle, celle qui ordonne le mal et disperse l’homme. Celui-ci doit quitter devant son Seigneur ce qui le retient sur terre, et revêtir l’habit par excellence, la crainte révérencielle (taqwâ), qui est pure transparence.

Dieu dit : ‘Descendez ! Vous serez ennemis les uns des autres. Et il y aura pour vous sur terre séjour et jouissance pour un temps. Là vous vivrez, là vous mourrez, et de là on vous fera sortir. Ô enfants d’Adam ! Nous avons fait descendre sur vous un vêtement pour cacher vos nudités, ainsi que des parures. Mais le vêtement de la crainte révérencielle voilà qui est meilleur. C’est un des signes de Dieu, afin qu’ils se souviennent.’5

Le désir ardent de rencontrer Dieu pousse le croyant à vivre pleinement au nom de Dieu, selon Sa Volonté, dans l’espoir de vivre la Vie éternelle. Cet état d’esprit doit guider l’homme tout au long de sa vie sur terre, dans une prise de conscience, toujours plus grande et profonde, qu’il n’y a de dieu que Dieu. Le Prophète a dit : « Celui qui évoque son Seigneur et celui qui ne L’évoque pas sont comme le vivant et le mort. »6

Au fond, que faut-il pour rejoindre une véritable ‘expérience de Dieu’ sinon un total changement de l’âme humaine, au-delà des limitations psychologiques et caractérielles, une ‘mort’ de l’âme, à proprement parler, pour une renaissance spirituelle effective “au nom de Dieu” ? Cette mort et cette renaissance s’opèrent littéralement dans les confréries islamiques grâce à l’invocation permanente de ce nomen qui devient Numen, ce Nom qui devient Présence de Dieu à travers la transparence de l’individualité purifiée, dès lors que ‘tant que nous sommes, Lui n’est pas’.7

C’est d’abord par la pratique des rites que l’homme peut mourir en quelque sorte un peu plus chaque jour, et se vider de son individualité pour être rempli par la Présence divine. Si la mort est une séparation parfois douloureuse, en raison de l’attachement naturel des hommes entre eux, elle est également « vécue », à la lumière de la sunna, l’exemple prophétique qui indique les moyens permettant à l’homme d’adorer Dieu selon Sa coutume. L’imitation du Prophète, intérieurement et extérieurement, concerne ainsi tous les rites religieux, qui constituent, selon les mots d’un saint musulman, des « symboles agis ». Les rites mettent l’homme dans des dispositions particulières, le préparant à recueillir dans son cœur les grâces divines, comme des perles qui se versent dans une coupe. Ils permettent à l’homme de connaître Dieu, et de reconnaître l’harmonie du monde où chaque chose possède sa signification spirituelle et intellectuelle, car les symboles n’ont pas d’autre fonction que d’amener l’homme à élever son esprit à des possibilités illimitées de conception de la Réalité, al-Haqq, l’un des quatre-vingt-dix- neuf plus beaux noms de Dieu. Grâce à la pratique rituelle, l’homme réalise un effort de concentration sur la Réalité et s’oriente vers l’Un, al- Ahad. Cette orientation spirituelle se manifeste dans l’ordre physique lors de la prière rituelle, quand l’homme oriente son corps en direction de la Ka‘ba, lieu de la Présence divine (as-Sakîna).

De manière générale, c’est en vivant au nom de Dieu, selon Ses prescriptions, que le musulman peut mourir à ses passions qui le distraient et le dispersent. Le croyant entreprend alors chaque acte comme un pas fait vers son Seigneur, un moyen de connaissance et de souvenir de Dieu. Il est dit dans le Coran : « N’est-ce pas au souvenir de Dieu que les cœurs s’apaisent ? », ce souvenir qui a été enseigné par tous les prophètes depuis Adam jusqu’à Muhammad (‘alayhimu-s-salâm), à travers la formule sacrée : lâ ilâha illâ-Llâh, « il n’y a pas de dieu si ce n’est Dieu ». La tradition veut que cette attestation de foi soit récitée à l’oreille du nouveau né. Il est souhaitable qu’elle soit aussi la dernière parole prononcée par le mourant juste avant que l’âme ne quitte le corps, car celui qui dit lâ ilâha illâ-Llâh avec sincérité avant de mourir est accueilli par Dieu en Son paradis. Si l’agonie empêche le musulman de répéter cette parole, le simple geste de l’index droit tendu, symbole de la tension spirituelle et témoin de l’Unicité divine, est suffisant.

Chaque aspect de la vie peut ainsi être sacralisé, et nous pourrions même dire « ritualisé », c’est-à-dire devenir un moyen particulier de grâce faisant accéder l’homme à une connaissance nouvelle de Dieu. Il ne saurait donc y avoir de vide spirituel ou de moment « profane » dans la vie d’un croyant. « Où que vous vous tourniez, là est la Face de Dieu »8, rappelle le Coran. Dans cette même perspective, le Prophète Muhammad enseigne que la vie spirituelle, nourrie par la foi en Dieu (al-îmân) et fondée sur les cinq piliers rituels (al-islâm), s’accomplit dans la perfection contemplative (al-ihsân), qui consiste à adorer Dieu « comme si tu Le voyais, car si tu ne Le vois pas, Lui te voit. » Selon le Shaykh al-Akbar Ibn ‘Arabî, la signification profonde de cette adoration parfaite, en Esprit, âme et corps, est l’extinction de l’individualité dans la contemplation de Dieu, suivant une autre lecture de la parole arabe du Prophète : « Si tu n’es pas, tu Le vois ; alors, en vérité, c’est Lui qui te voit. »

En islam, la mort ne peut donc être séparée radicalement de la vie. Elle marque le terme d’un passage sur terre, plus ou moins long, qui pourrait être comparé à un pèlerinage, en ce qu’il symbolise le mieux ce retour à Dieu. Le musulman effectuant le rite du pèlerinage à La Mecque quitte sa demeure, résidence de sa particularité, de son individualité, pour rejoindre une autre demeure où son individualité s’est effacée et a laissé la place au seul serviteur de Dieu. Ce rite est une obligation incombant à tout musulman qui a la possibilité de l’effectuer, mais l’esprit du pèlerinage ne doit pas moins être réalisé à tout moment de l’existence. Une tradition prophétique rappelle que celui qui prie chez lui en ayant le cœur à La Mecque, lieu de la Présence divine, Dieu est auprès de Lui. Ainsi, l’homme qui vit dans ce monde mais dont le cœur est dans l’Autre monde, Dieu est présent à lui.

Pour cette raison, le décès, qui concerne tout être vivant, ne se présente pas comme une fatalité insurmontable et irrationnelle aux yeux des croyants. En Occident, la mort, ou du moins le sens qu’elle y a pris, semble représenter au contraire un bouleversement et un anéantissement dans une sorte d’inconnu face auquel est vécue une terrible angoisse. L’âme de l’homme moderne ressent un véritable arrachement à ses passions, en se rendant compte que ce à quoi elle attachait de l’importance est destiné à finir. Le croyant qui suit l’islam, c’est-à-dire qui est soumis à Dieu, s’efforce de n’avoir aucun lien qui le retiendrait ici- bas, ni aucune illusion quant à sa vie sur terre. Il s’occupe du monde sans être préoccupé par le monde, en sachant dès le début que toute chose a une fin, et que la mort fait partie intégrante de la vie. Cette réalité est vécue sans enthousiasme ni tristesse. Il ne s’agit pas de résignation à une fatalité, comme l’interprètent l’anthropologie et la sociologie, mais de l’enracinement dans une certitude de la Réalité qui donne la paix de l’âme. Le musulman véritable accepte tout ce qui vient de Dieu sans avoir de préjugés, ni sans s’opposer à Sa volonté, car il sait que la Raison divine est au-delà de l’entendement humain, et que Dieu, « l’Indépendant des mondes », As-Samâd, fait ce qu’Il veut.

L’abandon confiant à Dieu (tawakkul) incite l’homme à dépasser ses craintes, ses illusions, pour se laisser guider par le seul Maître, le Meilleur des pardonneurs (khayr al-ghâfirîn) :

‘Et prescris pour nous le bien ici-bas ainsi que dans l’Au-delà. Nous avons été guidés vers Toi.’ Dieu dit : ‘Je ferai que Mon châtiment atteigne qui Je veux. Et Ma miséricorde embrasse toute chose.’9

La souffrance de l’agonie ne doit pas faire oublier la promesse de Dieu. Par conséquent, la Tradition islamique recommande à l’entourage du mourant musulman de ne pas adopter une attitude exagérée lors de la mort ou à son approche, par des comportements excessifs, comme se lamenter ou se frapper les joues, qui ne correspondraient pas à la soumission, à la simplicité et à la pudeur devant inspirer les actes de tout musulman. Dans ce sens, les hommes et les femmes doivent se soutenir mutuellement pour partager le chagrin, mais surtout pour implorer le pardon de Dieu afin de soulager l’âme du mort, alors que, à l’inverse, le défunt souffre des cris et des lamentations qui sont poussés par les vivants à son attention. Le croyant manifeste dans les derniers moments de sa vie une satisfaction et une paix intérieures qui peuvent parfois se lire sur son visage. Le visage du défunt peut être marqué au contraire par une certaine rigueur qui rappelle que la vie n’est qu’un leurre, et qu’il faut sans cesse se réorienter vers Dieu.

L’islam met l’accent sur le respect de la sacralité du corps qui a droit au respect dû à sa noblesse. En effet, l’enveloppe charnelle, qui est comme le vêtement de notre âme, participe aux différents rites, recevant ainsi des bénédictions divines. Le corps possède donc une fonction spirituelle qui apparaît à travers tous les actes rituels, et plus particulièrement les rites mortuaires. En effet, on procède traditionnellement au lavage du corps du défunt avant son inhumation, suivant le rite de l’ablution majeure (ghusl), laquelle est également nécessaire, dans certaines circonstances, pour l’accomplissement des prières canoniques. Par là, l’homme se sacralise entièrement, en purifiant à la fois son corps et son âme, le temple où vit l’Esprit. Ainsi, le défunt est-il préparé et mis dans un état de prière perpétuelle, d’une consécration permanente et d’une purification intérieure qui symbolisent l’extinction de l’individualité. Le linceul blanc dont le corps du mort est revêtu rappelle la nature primordiale de l’homme (fitra) et sa pauvreté spirituelle (faqir) à l’égard de Dieu.

La prière sur le défunt (çalât al-janâza) précédant son ensevelissement diffère des autres prières canoniques. Dans ce moment particulier, le mort, par sa position en avant de l’imam, semble précéder ses pairs dans la rencontre avec Dieu. Il ne peut faire partie des rangs puisqu’il n’est plus capable d’exécuter le rite de la prière, mais il prie parmi eux, d’une certaine manière, une dernière fois avant son ensevelissement. « Il n’y a pas de chose qui ne Le glorifie pas, mais vous ne comprenez pas leur langage»10, affirme le Coran. Lors de l’ensevelissement du mort, le corps est alors dirigé de manière définitive vers La Mecque, selon l’orientation de la prière qui symbolise la tension métaphysique du croyant orienté vers Dieu.

La visite rendue aux morts est conseillée afin d’implorer pour eux le Pardon de Dieu. Elle permet également à celui qui l’accomplit de se rappeler sa propre mort. Ce moment de recueillement auprès des défunts est l’occasion pour les hommes et les femmes de préserver l’unité de la communauté — à l’image du resserrement des rangs des fidèles au moment de la prière rituelle —, dans la fraternité spirituelle et la bonté mutuelle. Dans ce sens, la communauté n’est pas seulement la réunion d’individus, mais le réceptacle vivant d’une influence spirituelle qui, grâce à la conformité de sa pratique rituelle avec le Livre de Dieu et la sunna du Prophète, permet de faire participer les hommes et les femmes qui en sont membres à une réalité d’ordre transcendant. Cette réunion spirituelle ne se fonde pas sur une fraternité sentimentale faite de pitié, mais plutôt sur la reconnaissance des Qualités divines que chacun reflète, car, selon une tradition prophétique, « le croyant est le miroir du Croyant». Cette reconnaissance est le fondement d’une véritable solidarité, naturelle et sincère, par laquelle chaque membre, en réalisant les attributs de Dieu, remplit son rôle dans le Jeu divin. Se souvenir de sa propre mort incite le croyant à faire preuve d’humilité et de vigilance spirituelles, dans la conscience que Dieu peut le rappeler à tout moment auprès de Lui. On rapporte qu’il faut agir dans ce monde comme si on allait y vivre éternellement, et pour l’Autre monde comme si on allait le rejoindre demain. La mort en elle-même n’est pas à craindre, car seul Dieu est à craindre : « C’est Lui qui donne la vie et qui donne la mort. Et Il est Puissant sur toute chose. »11

Chaque instant est unique et ne réapparaîtra plus jamais. Ces moments de piété et de souvenir de Dieu ramènent l’homme à l’Éternité divine, pendant que le temps continue sa marche. Dans la société moderne, l’homme court après le temps, mais c’est la mort qui le rattrape, si bien qu’elle le surprend alors qu’il n’y est pas encore préparé. Il en arrive même à ne plus prendre le temps de mourir. En islam, comme dans toute civilisation traditionnelle, le temps est symbolique. Rien ne peut être précipité ni ralenti. Un homme ou une femme pleinement religieux ne peuvent donc, à vrai dire, jamais être surpris par la mort. Celle-ci est connue, depuis le premier jour où l’on a pris conscience de son état d’humain.

La mort d’un parent est également l’occasion pour la famille du défunt ou les proches d’enseigner aux plus jeunes les conditions de la vie d’ici-bas et de l’Au-delà. Ceux-ci devront s’efforcer d’intérioriser cette transmission de connaissance vivante, pour reconnaître la Réalité et y conformer leur existence. Il ne s’agit pas de se préparer psychologiquement à mourir, bien que certains aspects psychiques soient aussi en jeu. Il s’agit plutôt de laisser l’Esprit illuminer et apaiser l’âme agitée par l’ignorance, en gardant foi dans la Parole de Dieu :

Souvenez-vous de Moi, Je Me souviendrai de vous. Remerciez-Moi et ne soyez pas ingrat envers Moi ! Ô les croyants ! Cherchez secours dans la patience et la prière. En vérité, Dieu est avec ceux qui sont patients. Et ne dites pas de ceux qui sont tués dans le chemin de Dieu qu’ils sont morts. Au contraire ils sont vivants, mais vous n’en avez pas conscience. Nous vous éprouverons très certainement par un peu de peur, de faim et des pertes de biens, d’âmes et de récoltes. Et fais la bonne annonce à ceux qui sont patients, qui disent, quand un malheur les atteint : ‘En vérité, nous appartenons à Dieu, et à Lui nous retournons’. Ceux-là reçoivent des prières de leur Seigneur. Ceux-là sont les bien guidés.12


  1. Cor. 5 :48.

  2. Cor. 28 :88.
  3. Cor. 55 :27-28.
  4. Cor. 3 :27.
  5. Cor. 7 :24-25.

  6. Bukhârî.

  7. Shaykh Abd-al-Wâhid Pallavicini, L’islam intérieur, Ed. Christian de Bartillat, 1995, p. 87.

  8. Cor. 2 :115.

  9. Cor. 7 :156.

  10. Cor. 27 :44.

  11. Cor. 57 :2.

  12. Cor. 2 :152-157.

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