Le Festival de Fès de la culture soufie autour de « Science et conscience »

IHEI

29-10-2022

La mosquée-université Al-Qarawiyyin de Fès, la plus ancienne université dans le monde, encore en activité

Une délégation de l’Institut des Hautes Études Islamiques était présente au Festival de Fès de la culture soufie qui s’est déroulé du 22 au 29 octobre 2022, avec le soutien, notamment du ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, et du ministère des Habous et des Affaires Islamiques du Royaume du Maroc.

Le thème de cette 15e édition du Festival de Fès de la culture soufie, « Science et conscience », a trouvé un cadre idéal et un sens particulier en ce haut-lieu de la civilisation islamique, fondé à la fin du VIIIe siècle par Idris 1er. Dans cette ville marquée par une longue tradition de connaissance, de culture et de spiritualité, la bénédiction et les enseignements des maîtres et des saints musulmans rayonnent et s’entremêlent de façon harmonieuse avec les beautés de l’architecture et des arts islamiques traditionnels qui imprègnent la vie quotidienne.

Rappelant que la science et la conscience partagent la même étymologie latine, scientia, qui signifie « connaissance », Carole Latifa Ameer, directrice artistique et de la programmation, a cité cette parole attribuée au maître soufi afghan Sanâ‘î :

Si la connaissance ne fait pas disparaître ton “moi” pour toi-même, l’ignorance vaut mieux qu’une telle connaissance.

« Apportant sens et sagesse à un monde qui en semble largement dépourvu, une telle conscience spirituelle pourrait éclairer nos savoirs et nos recherches scientifiques d’une lumière, d’une finalité et sans doute — en raison de nouvelles convergences — d’une fécondité nouvelle », écrit pour sa part, dans son éditorial, Faouzi Skali, président de l’association du Festival de Fès de la culture soufie.

Associant concerts de musiques sacrées du monde, danses traditionnelles, chants religieux, expositions d’art, ateliers, tables rondes et Master classes, le programme de cette 15e édition a vu la participation de plus 60 intervenants provenant de 15 pays. Venaient de France, notamment, Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation pour l’Islam de France, Leïli Anvar, universitaire et traductrice du célèbre Cantique des oiseaux du maître soufi Farîd al-Dîn ‘Attâr, Abderrahim Hafidi, présentateur de l’émission « Islam » sur France 2, ou encore Tayeb Chouiref, écrivain et traducteur des écrits des maîtres du soufisme ; des États-Unis d’Amérique, Michael Barry, professeur à l’université de Princeton et spécialiste de la miniature persane ; de Turquie, Esin Çelebi Bayru, descendante du maître soufi Jalâl al-Dîn Rûmî ; et d’Inde, le maître Haji Syed Salman Chishty de la Chishty Foundation.

Spécialiste du dialogue entre science et foi, Abd al-Haqq Ismaïl Guiderdoni, directeur de l’Institut des Hautes Études Islamiques, également astrophysicien de renommée internationale, a rappelé, lors de son intervention, la réalité métaphysique du tawhîd, l’Unicité de Dieu, à l’origine de la création des mondes visible et invisible, et principe directeur de toute connaissance, spirituelle, ou rationnelle. Il a mis en garde contre les dangers du concordisme, qui tente de mêler les vérités révélées des textes sacrés aux raisonnements des découvertes scientifiques. Abd al-Haqq Ismaïl Guiderdoni a montré enfin, d’après les enseignements du grand maître musulman Abû Hâmid al-Ghazâlî (1058-1111), les points de divergence et de convergence entre philosophie et spiritualité dans la tradition islamique, indiquant que si la première n’est qu’une préparation intellectuelle au don divin de la sagesse, la seconde doit être considérée comme supra-rationnelle, et non irrationnelle.

S’appuyant à son tour sur les écrits et sur l’exemple même de l’imam al-Ghazâlî, Abd al-Wadoud Gouraud a évoqué les principes spirituels, les conditions et la méthode initiatique de ce qu’al-Ghazâlî appelle L’Alchimie du Bonheur, c’est-à-dire un processus de transformation intérieure et de purification de l’âme qui conduit, à travers le combat spirituel, à la connaissance de soi et de Dieu, conformément au hadith : « Celui qui se connaît soi-même connaît son Seigneur ». Il a insisté sur la nécessité, dans ce cheminement, de s’appuyer sur le cadre religieux et de se référer à la maîtrise prophétique, pour savoir discerner entre le psychique et le spirituel, afin de ne pas confondre émotions égotiques et connaissance du cœur. La qualité du Prophète serviteur (‘abd) et illettré (ummî), signe d’une transparence totale à la révélation de la Parole de Dieu, représente pour l’aspirant un modèle incontournable pour réaliser la Connaissance divine.

De nombreux échanges ont eu lieu lors des tables rondes et en dehors, pendant les visites de cette ville où se trouvent tant de magnifiques mosquées et mausolées des « amis de Dieu » (awliyâ’ Allah). Dans la perspective de leur engagement sur le chemin de la spiritualité, les membres de la délégation de l’IHEI ont rappelé la nécessité d’associer à la connaissance de la riche culture soufie, la mise en œuvre du « culte divin » qui seul peut nous transformer.

Une vue de la Médersa Bou ‘Inania, construite entre 1350 et 1355, qui a accueilli certaines tables rondes du Festival de Fès de la culture soufie.

Abd al-Haqq Guiderdoni devant l’entrée de la mosquée renfermant le mausolée de Moulay Idris II, fils de Moulay Idris 1er, descendant du Prophète Muhammad, fondateur de Fès et de l’émirat idrisside.

Abd al-Haqq Guiderdoni devant le mausolée du shaykh ‘Abd al-‘Azîz al-Dabbâgh, saint illettré.

Abd al-Wadoud Gouraud devant le mausolée du shaykh ‘Abd al-Wahhab al-Tâzî, maître spirituel et ancien recteur de l'université Al-Qarawiyyin de Fès.

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